jeudi 16 avril 2009

NOUVELLE : PETRIFIE


Marc s'étais retrouvé là après sa troisième crise de panique en plein Paris, mélangeant un couloir de métro avec les ruines d'un camp de la mort coréen. Les cadavres asiatiques et vidés s'étaient retrouvés confondus au milieu des gens à la mine morne. Ça l'avait figé vingt six minutes exactement jusqu'à ce que quelqu'un ne trébuche sur lui, le faisant s'écrouler sur le sol, son esprit le voila en noir. Il tomba dans les pommes. Ce qu'il avait figé dans sa mémoire l'engloutissait jour après jour hors du monde réel, et même avec cette cause humanitaire qui l'avait poussé à le faire. Il se haïssait maintenant de s'être infligé ce cauchemar permanent dont il ne pourrait plus jamais se cacher.
Un café à la main dans un cercle de chaises avec des gens qu'il ne connait pas et qui ont des problèmes similaires au sien. Quelque soit les autres, ou la logique de sa situation, celle de chercher de l'aide, peut importe ces critères, il se sent pathétique. Il y a une jeune fille qui pourrait avoir l'âge d'être son enfant adolescente si ses testicules avaient bien voulu être fertiles. Elle regarde le sol et le vieil homme barbu à coté de cette nymphe semble désolé pour elle que ses yeux attachent tant d'importance au parquet de ce local associatif. Les dialogues commencèrent, il y avait là un chef d'entreprise coincé dans les images et râles pervers de son ancienne maitresse qu'il s'était tatoué à vie pour prouver le sérieux de ses promesses répétés de mariage. Maintenant il ne dormait plus sur sa conscience d'avoir ces scènes d'orgies devant lui et au milieu sa femme cancéreuse qui avait voué sa vie à l'équilibre de sa petite famille. Il y a aussi le vieil homme barbu qui voit les clichés de son père mort se confondre dans son présent, sans arriver à le séparer de la réalité de son décès. L'adolescente raconte qu'à vingt ans son cerveau est saturé à "quatre vingt quinze pour cent de clichés banals, sans intérêts, flous avec du silence, j'ai bombardé mon disque dur cérébrale par ce que je me sentais vivante de me foutre ça dans les narines. Encore si ça avait été de jolies photos…". Marc fait une pause dans son esprit, perd le fil de la conversation puis se raconte à lui même que si ça avait été sa fille il aurait pu la sauver. Il y a un autre homme d'une trentaine d'année à l'allure graphique de "érémiste" en sweat à capuche. Mais son problème échappe à Marc, son histoire ne dépasse pas les trente secondes. Dans ce qu'il dit il comprend juste que cet homme à mal au nez. Quelqu'un dit "c'est le dermato qu'il fallait aller voir", trois personnes rigolent doucement, ça ne semble pas l'atteindre et le pilier de discussion passe son regard sur Marc avec un grand sourire maternel. Marc se jette dans son flot de paroles, sans arrêts, sans hésitations, sans qu'il ne prenne le temps de se comprendre.
- je m'appelle Marc et je suis perpétuellement coincé dans des génocides, des guerres, des scènes de massacres, de tortures. J'ai travaillé pour une association qui protège les droits de l'homme. Je devais m'infiltrer dans certains pays, la Corée du nord, de nombreux pays du centre Afrique... Comme humanitaire ou touriste pour m'incruster ce que j'appelle des "instants témoins" ou des "instants reportages". Puis je faisais un dessin de ces moments, le groupe pharmaceutique Pfitzer qui a breveter le spiritographe nous sponsorisé même certains reportages. Je pense que ça leur permettait d'acheter la bienveillance à leur image. J'ai donc fait parti du fameux scandale des "journalistes pétrifiés", bien que je ne sois pas journaliste. Et je dois vivre avec ces enfants morts et ces cris de peur chaque jour, je les vois devant moi comme vous.
- Qu'est ce qui vous fait le plus peur là dedans ?
- J'ai peur de m'y habituer...Je me rappelle quand l'affaire s'est retrouvée au tribunal, un des dirigeant de Pfitzer m'avait dit dans les couloirs du palais de justice: "Les risques étaient inscrit en petits caractères sur la boite. C'était inscrit que ça resterait dans votre esprit. Nous n'avons pas créée ça pour que les gens se tatouent des choses désagréables, quand on se tatoue quelque chose en général c'est une chose que l'on aime. Nous avons d'ailleurs créée le nom spiritographe, spirit pour esprit, par ce que ce qui rentre dans l'esprit n'en sort jamais. Vous ferais un pacte avec vous même un jour, et vous vous habituerez ; c'est tout ce que j'espère pour vous.". Je crois qu'il avait été sincère en me disant ça.

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