vendredi 3 avril 2009

ABOUT BLANK : CHAPITRE 1


Nous ouvrons la marche dîte "Littéraire" (sans avoir la prétention du mot...) avec un roman inédit, sur la jeunesse, la connerie, le stéréotype, l'amour, la folie, la société...De quoi faire bander grand nombre de philosophes branleurs ou d'artistes contemporains fans d'étrons peints en rose. Non ici juste un récit sans prétention, pas particulièrement bien écrit, mais plus travaillé que l'on en pourrait se l'imaginer. Ça commence comme un pauvre récit à la mode, stylisé, cynique, vomitif, puis évolue pour prendre à contre pied...

Note : "J'en avais marre de la littérature de style, aimer un bouquin de Beigbeder, de Palachnuck, de Bret Easton Ellis, parce que c'est trash, sexe, trop hype, trop de la révolution. Les gens, les jeunes, les gens, ont perdu le fond des choses. Le vrai sens, le vrai but. Je suis parti la dessus, en commençant comme une ersatz, essayant de tous les niquer. Je ne suis pas particulièrement bon, je ne donne aucune leçon, aucune, mais au moins ça m’a occupé pendant Quatre vingt dix foutues pages."

1/POMMES VERTES SUR ARBRE MORT EN ÉTÉ.

Je veux que ça brule avec soixante millions de dollars de budget.
Cette fille connue il y a un an à une soirée, m'invite à passer chez elle, je passe. Il est vingt-deux heures, pile, avec deux zéros, marchant trois kilomètres depuis le bord de mer. Le portail d'une immense villa est ouvert, j'entre. Mois d'août, chaleur et hormones font leur travail. Soirée de la jeunesse dorée sur la côte d'azur, stéréotype, alcool, drogue, belles femmes, grande maison avec piscine, parents absents. Vingt personnes, avalent, parlent, mais n'observent pas. Ils se caressent, dorment, agonisent, front en sang, nausées, rires, autour d'une piscine au liquide marron. Aucune musique. Buvant, la neige au nez. Je ne suis là que pour passer le temps, vivre des expériences, embrassé des filles, les baisées. La fin du monde a frappé. Millier de bouteilles d'alcool vides et remplies, flaques d'estomac, gribouillages en tout genre et sur toute surface.
Dalle de la piscine en béton rose " Sonia meurt lentement d'une leucémie je n'arrive pas à la faire jouir".
Cette fille qui m'a dit de passer et dont les parents sont absents c'est D, elle est belle, petite poitrine, yeux d'un bleu foudroyant. Une bouteille de vin rouge flotte dans la piscine marronnasse. Je pénètre dans la maison par la baie vitrée béante du salon. Mon reflet a une allure étrange, je lui dis d'avoir l'air plus sûr de lui. La chaleur humide et lourde du dehors laisse place à la fraîche climatisation du dedans. Ça calme ce que je suis, dans ma vue toujours pas de D. Ni dans la cuisine grande comme mon studio, ni au travers des serrures des deux toilettes de la maison, fermées a clé de l'intérieur, et dont les clés ne sont donc plus dans les serrures. D, je ne la connais pas vraiment, mais c'est le lien entre ma vie et cette endroit étranger.
Personne de lucide ne veut m'aider et s'inquiéter pour toutes les jolies filles ici. Je m'attends à du sexe si je fouille les chambres. Je fouille, il y a du sexe varié dans les âges, les nombres, les orientations, les positions. Des orgies chaotiques, baroques, avec pleures et rires. Je manque de vomir en plein couloir mais rien ne sort, ce qui me fait mal à la mâchoire. Un bourdon dans mon crane fait gonfler puis rétrécir ma tête.
Mur blanc du couloir "Je ne sens plus mes doigts, il m'a laissé un drôle de goût dans la bouche".
Je note que cette phrase est ponctué d’une virgule, il ou elle avait été assez lucide pour penser à ça. On pense aux détails quand on délire à de grandes choses. La porte de la salle de bain du rez-de-chaussée est ouverte, je veux voir la pharmacie, trouver un Doliprane pour aller m'échouer dans le coin le plus à l'abri de je ne sais quoi. Je rentre, de l'urine partout, du sang. Je n'ai pas peur.
Miroir de la salle de bain au rez-de-chaussée "Je vais disparaitre aidez moi".
Je tire la petite porte de la pharmacie, à l'intérieur une bouteille de sirop pour la toux, solitaire et vide. Mal à la tête, mal au nez quand je respire, nausée qui semble positionnée ma bouche au fond du trou qui me sert de gorge, ce n'est pas mon monde. Je suis l'ange David, Daniel, Patrick, Perdu chez Dante et autres mélanges. Je rejoins péniblement le salon, les bras croisés sur un ventre qui n'est pas le mien, je dois être pâle, ou vert, ou azur, fixant le sol, je m'assied dans un immense fauteuil de l'immense salon. Une fille et un garçon, dont je ne cherche pas l'âge, se tripotent avec discrétion et pudeur dans ce délirium. Un garçon ? Un homme ? Dort ? Suffoque ? En position fœtale au pied du canapé. M'installant dans le coin opposé à la séance d'attouchement hétérosexuel je me laisse fondre. Pendant vingt minutes rien, juste les gémissements et les grognements des deux choses à ma gauche. Je ne peux que respirer. Là, je dors.
Réveillé par des baisers, des léchouilles, je prie un symbole pour que ce soit D décidée à sauver ce garçon qu'elle ne connait pas vraiment, de l'antichambre, de l'antichambre de quelque chose. Je dois cette preuve d'affection au garçon qui était en position fœtale au pied du canapé plus tôt dans cet enfer, je sursaute, me retire, mais ne trouve aucune force à le frapper pour outrage à ma virilité. Il n'est pas beau, livide, son visage me montre tout ce qu'il ne semble pas comprendre. Cernes profondes, yeux ensanglantés, lèvre pendante enduite de bave. J'essuie ma bouche d'un revers de bras en sueur. Le mélange des odeurs pue. Le couple qui s'exploraient à ma gauche s'est réduit à la fille, seule, allongée, la tête entre les mains. Elle se cache le visage je crois. Me demandant si ses yeux pleurent ou si sa tête a mal. Je remarque une barbe sur ses joues, elle ne l'avait pas tout a l'heure. « Fais ce que tu veux », c'est ce que je lui dis dans ma tête sans trop savoir pourquoi. Le garçon que j'ai repoussé rigole dans un étouffement aigu, étendu sur le sol prés de la table basse prés du canapé. Table basse que je vois marcher de ses quatre pieds de bois comme une vache, tout en restant sur place. Une vache de l'espace qui moulinerait le vide sans essayer de comprendre pourquoi ça n'avance pas et qui ne rectifierait absolument rien. Ça sent mauvais, ça dégringole. L'endroit semble tellement saturé de drogue que l'air lui même suffit à me faire délirer. Je vais m'en aller.
Le garçon crie :
- Trois jours joyeux gaz !
D'une voix métallique ce garçon par terre est le robot de mes années 90. Il me regarde. Je ne comprends foutrement rien. Je crois préférer dormir au milieu du goudron encore chaud qui fait office de route dans ces collines provençales qu'ici.
Baies vitrées donnant sur la piscine avec cadre en plastique blanc: "Vos têtes explosent. Pensez à ramasser vos envies et votre désespoir en même temps que vos bouts d'os et de cervelle".
Le mal de tête enfle, la nausée a disparu. Je sors, sans courir par peur d'attirer une attention, voir plusieurs. L'air écrasant me retrouve. J'appartiens un peu plus à un monde réel. Il y a des sortes de boîtes, quatre, de la taille de carton moyen de déménagement, alignés le long du mur adjacent à la baie vitrée. Il est marqué "Dieu" à la bombe de peinture noir sur chaque boite. Des tuyaux en sortent pour grimper le mur et s'enfoncer dans la plaque d'aération libérée de sa grille. Ça devait être ça le "gaz" de « trois jours joyeux gaz », Un moyen pour s'offrir un monde. J'espère juste que ça ne m'a pas refilé une tumeur. D qui me paressait sage est en fait un vrai monstre. Je ne veux ni la voir, ni vraiment la connaître, ni imaginer ce qu'elle a pu faire de sa vie de monstre que je ne connais pas vraiment. J'aurais aimé l'embrasser bêtement une nouvelle fois. Mais il n'y aura plus le même naïveté entre elle est moi. Je veux cacher les gros titres du journal papier avec un verre sur la table basse du salon.
La peur de croiser des gens à tête de serpent ou Ben Laden en personne s'insinue en moi de manière paranoïaque. Je dois flirter avec le bord d'une piscine sombre si je veux partir rapidement, puis passer par-dessus le petit mur derrière lequel se cache la route de sortie du garage. Tout est en place dans mon esprit éclater. Sans cette voie je devrais faire un détour inquiétant, un détour qui mène droit sur l'attroupement animal que je devine posé au milieu du petit chemin de gravier qui mène au portail. Mais cette piscine m'effraie, comme si son eau couleur sang était du sang.
Petit mur orange et rugueux "L'antéchrist dit à D que je suis juste passer pour dire bonjour".
Je commence a escalader le mur en me racontant que la piscine n'existe pas. Quelqu'un crie "Un voleur ! Un voleur! "  une voix d'homme adolescent d'un autre monde, convaincu et complètement bourré d'après la déformation que sa voix contient. Le temps de tourner la tête il m'attrape violemment de ses deux gros bras musclé, par-derrière au niveau du thorax, je ne me débats même pas, ne trouve pas la force de parler, complètement désarticulé par quelque chose que je ne comprends pas. Je ne vois pas son visage, il me traîne, essayant de ne pas tomber. Et mon regard fatigué se perd dans le ciel sans nuage. Je vois les étoiles. Pour la première fois de ma vie, j'ai une vue 3D du ciel, je vois l'espace. Comme si l'espace était une photo plate et qu'elle s'était transformée de l'intérieur en une boite vue de l'extérieur. J'ai une terrible sensation de vertige, de solitude. Je vois un immense puits. J'en vois le fond. A ce moment là mon nouvel ami qui me tient de ses bras qui font trois fois les miens, s'arrête devant la piscine. Il reste là une longue trentaine de secondes, à visualiser ses futurs mouvements avant de tenter une projection dans la piscine, il trébuche et tombe avec moi dans l'eau opaque et tiède. De tout son poids body buildé sur mon maigre dos. Sous l'eau rouge marronnasse qui brule mes yeux j'aperçois les projecteurs qui essaient de s'imposer. Il y a un voile noir qui apparaît devant mes yeux.
Réveille dans un hôpital ou un médecin raconte que j'ai eu une chance "gargantuesque" que cette jeune fille passe sur la plage me remarque alors que je me noyais à cause d'un décollement de la plèvre, sûrement causée par ma maigreur ajoutée à un effort physique précisa-t-il en jouant l'ami que je n'ai jamais eu. Mon portable, ma carte bleue ont disparu.

Je relis cette mauvaise nouvelle que j'avais écrite pour ne pas voir passer le temps entre les murs jaunâtres de l'hôpital. Censé raconter la soirée qui m'avait emmené en ce point. Je la trouve mauvaise, l'histoire est juste bonne à raconter de vive voix, aucun argent, aucune satisfaction à gagner avec. J'ai écrit ça comme les romans trashs qui plaisent à ceux qui vagabondent dans mon âge, pour qu'on écoute l'histoire que je suis censé avoir vécu. Ce que j'ai ajouter n'est pas bon et n'est pas amusant et n'est pas bien écrit et je garde ce bout de papier griffonné juste pour le souvenir de mon effort. Pour avoir un sourire plus tard, dans de nombreuses années. L'infirmière de 22 ans dit avoir aimé. Quand je sort je ne suis pas certain d'avoir ce sourire plus tard, alors les feuilles glissent dans le ventre aluminium d'une poubelle et je me dirige vers où je dois aller.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire