jeudi 7 mai 2009

ABOUT BLANK : CHAPITRE 10


10 / Et je rentre, et je sort, je rentre, je sort, je rentre, je sors, rentre, sort, rentre, sort



Anthony, après m’avoir longuement observé de son regard inquiet. Anthony, devant le parvis de l’hôtel, assis sur sa moto. Anthony me demande d’où viens tout cet argent que je lui mets sous le nez.
- Ça vient de D.
- Merde alors.
- Merde oui.
- Tu me donnerais cent euros pour l’essence ?
Je fais glisser deux billets de cinquante euros hors d’une liasse, que je lui tends. Je n’est jamais gérer mon argent, je dépense, je donne, j’offre, ça ne va pas plus loin. Il les prends d’un air enfantin, ébahi par ce monde et surtout celui de D.
- On dirait qu’ils sortent tout juste du repassage.
Anthony colle les billets à son nez, souris.
Le soleil est haut dans le ciel bleu année soixante, la chaleur mielleuse partout. Ça sent la sueur, le goudron fondu, la crème solaire. C'est sucré.
- Ils sont tout doux. Les billets ils sont tout doux.
- Si tu continues à délirer a cause de cette argent je vais te foutre en quarantaine, je te savais pas aussi vénale.
- Je ne suis pas vénale.
Je l’imite bêtement en jouant l’ébahissement exacerbé du collégien devant son premier playboy.
- Tu appelle ça comment toi ?
- La raison ?
je le regarde fixement.
- Il va falloir que tu m’emmènes a la gare.
- Tout de suite maintenant ?
- Il faut que je parte ce soir. Maintenant que j’ai dit strabisme.
- Maintenant que t’a dit strabisme ?
- Oui, cherche pas.
- Bon ok. Cette D...
Silence de ville côtière en pleine été.
- Cette D ?
- Oui, cette D, c’est pour elle tout ça.
- J’en suis même pas sure, mais tu devines bien.
Tour à moto, bronzant mes avant-bras sans le sentir vraiment, dans le vent de l’accélération. Ont fait un long tour des magasins alentour, qui dure trois bonnes heures. Me faisant un semblant de garde-robe, voulant me fondre dans la civilisations modernes. Quatre t-shirts moulants, simple col rond, deux noirs, deux gris, six paire de chaussettes blanches, six caleçon slim, trois noirs a rayures blanche verticale, trois blanc a rayures noirs verticale, jean simple bleu foncé, veste coupe militaire kaki, paire de vans damiers classique pointure quarante six, « No country for old man » de Cormac McCarthy, lecteur mp3 seize giga, « Sexuality » Sébastien Tellier, « In rainbow », Radiohead, « Beach house » Beach house, « Geoggadi » Boards of Canada, « Melody neslon » Serge gainsbourg, « Saturday = youth » M83, « Dreams » The whitest boy alive, « Return to cookie mountain » Tv on the radio, « The private press » Dj shadow, « Unknow pleasure » Joy division, « Black and white town » Doves, télécharger sur un site dans un cyber café puis billet de train dix neuf heure Nice - Avignon aller simple. Environs huit cent euros s’envolent, je crois.
Il est dix-huit heure quarante devant la gare, Anthony me dit :
- Tu sais mes bouquins ?
- Oui, quoi ?
- Ce n’est pas moi qui les écrits.
- Ce sont des petits Chinois dans ta cave c’est ça ?
- Non vraiment ce n'est pas moi qui les écrits.
Son regard est devenu différent, inhabituel, moins marrant.
Une jolie fille passe derrière lui en nous regardant, elle a de gros seins voluptueux, des cheveux longs, brun et ondulé. Je retourne au regard de mon cousin.
- C’est le fantôme de Bukowski c’est ça ? Tu prends des drogues qui te font entrer en transe et qui te permettre d’entrée en contact avec lui, et de la il te dicte son nouveau roman post-mortem ? J'adore.
- Ils sont faits de bouts, d’idées, de personnages, d’autres romans, écrits par d'autres. Il n’y a rien de moi la dedans, je n’ai rien créer.
- Tu n’as jamais écrit de roman Anthony. Juste des textes sans réelle histoire, sans début, sans fin. T’a peut créer un best of, un melting pot, je ne sais pas, je ne sais pas quoi te dire, Tu veux que je te rassure, que je m’énerve, que je compatisse, que je m'apitoie ? Pourquoi tu me dit ça maintenant devant la gare.
- Par ce que j’avais besoin que tu le sache. Que au moins une personne le sache. Que tu ne fasses pas le même genre de conneries.
- Je ne vois pas le rapport, je vois mal le sens, mais ok, je note.
- Note.
- Ta mégalomanie me fera toujours plaisir tu sais. Mais promets moi que le jour ou tu auras ton empire tu me garderas une place ?
- Promis, je compte sur toi, aussi, si t’es le premier a construire un empire.
- Promis.
Je suis assis en seconde classe dans un vieux train corail, le même depuis mon enfance, côté fenêtre. La vitre est pleine de marque de peau grasse, de cheveux gras, traces des gens fatigué ou fainéant. Trace des gens qui été a ma place plus tôt dans la journée. Avec leurs propres histoires, similaires peut être, ou pas, en faite je m’en fout. Des autres autres, que je ne connais même pas un peu, même pas du tout, de vue sur un quai de gare. C’est pour ça qu’on ne peut pas compter sur les gens pour recycler leur poubelle, consommer moins d’énergie, favoriser le transport en commun. Mais de ça aussi je m’en fout, comme quasiment tout le monde. Sauf quand je vois un de ces reportages alarmants bien argumentés, mais ça ne dure qu’une dizaine de minutes. C’est pour ça qu’on va anéantir nos petits-enfants. Qu’ont va les rendre plus stérile et plus désespéré que nous.
Ou pas.
M83 se lance sur mon mp3 et je retrouve une ambiance d’amour adolescent fin des années quatre-vingt que je ‘n’est jamais connu, mais qui me parle. Je me laisse bercer, m’imaginant une jeunesse, retravaillant mes souvenirs, les ajustant. Un homme, dans la trentaine, jeune, s'assoit a coté de moi. Habillé en vieux jeune pop punk, t-shirt de Prodigy, crane rasé, baggy kaki, chaussures de skate board, mal rasé, barbichette en V (Je remarque qu’il y a beaucoup de chose en V), une odeur de joint collé a la peau et graphiquement a ses ongles jaunis.
Le train démarre et fait onduler ce voisin qui range son sac Nike dans le compartiment à bagage au-dessus de nos places. Exhibant son bas-ventre poilu gonflé par l’age. Je pense gaucho bête et méchant, léthargique et rigolard. C’est là que je viens le caser sans plus de recherche. Il n’y a pas l’envi. Il s'assoit jette un coup d’œil au paysage marin et son soleil fuyant. Allume une clope, installe son ordinateur portable, pianote dessus et puis s’arrête brusquement. Il reste le regard perdu dans la tête du siège devant lui, souffle un nuage de fumée, tourne la tête et me fixe. Je vois mes yeux s’ouvrir grand et ma peau rougir de sa fixation sans comprendre. Pendant une demi seconde, jusqu’à ce que je fasse fuir mon regard au travers de la vitre qui me fait maintenant apercevoir la roche rouge qui se noie dans la méditerranée.
- Tu as une idée de la suite ?
Je fais comme si je ne savais pas qu’il s’adressait a moi, comme si je ne l’entendait pas avec mes écouteur sur les oreilles.
- Tu as une idée de la suite ?
Je fais comme s’il ne m’avait pas demander une deuxième fois.
- Tu as une idée de la suite ?
je me retourne comme surpris.
- De ?
Ses yeux s'arrondissent.
- Heu...
- Si j’ai une idée de la suite c’est ça ?
- Heu…Non en fait j’écris a voix haute.
- Ha…Désolé.
- C’est un roman.
Je me sens implosé. Comme le « ont reste amis ?» de cette lycéenne qu'on a aimé plus que tout.
- Bon écoute ça ne m’intéresse pas, tout le monde a son roman, son scénario, son film, son super groupe, sa super créativité son génie unique. Et vous commencez a tous me faire chier.
Il me regarde, encore plus rond qu’une sphère parfaite.
- Wo gars tranquille, t’es gravement parano et mégalo mec.
Je envie de mettre de la violence dans sa jaune gueule glissante, faire stopper son flot de paroles d’ersatz blanc d’Eddie Murphy.
- Ouais ouais, tu m’apprends rien, et on n’est pas la pour parler de moi, on s’en fout ok ? Ce n’est même pas que je me déteste, c’est juste qu’on s’en fout..
- Tu te fous de tout gars, tu te respecte même pas toi même, encore moins les autres.
J’ai envi de rire, je en sais pas pour quoi exactement, finalement ma haine se transforme en humour. Je lui souris bouche fermer.
- Oubli ce que je viens de dire « gars ». Désolé, je suis un peu sur les nerfs, désolé, désolé.
Il semble lentement soulagé de voir sa bonne vibration guérir un jeune garçon frustré et inutilement agressif.
- J’écris un roman sur un mec qui décide de tout arrêter et de partir a la recherche de lui même sur la route alors que sa soe…
Je lui plante un tournevis dans la tête, tournevis sorti de nul part.
Il fait nuit au travers de la fenêtre du train, j’aperçois des lumières de villes. « Couleurs » de M83 dans mes oreilles. Je me réveille, il n’y a personne a coté de moi, plus de trentenaire bête et méchant, léthargique et rigolard. Un vieux siège usé d’un vieux train corail. Beaucoup moins poétique qu’une chenille volante. En une semaine je me suis souvenu de plus de mes rêves que ces deux dernières années. Et je ne crois pas avoir fait de rêve ou je tuer quelqu’un, comme ça. Ou alors je ne m’en souviens plus, ce qui serait plus inquiétant encore. Je ne veux tuer personne. C’est peut-être ça le problème.

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